Un actionnaire important de SES, détenant plus de 7% de ses intérêts économiques, plaide pour une diminution du contrôle gouvernemental sur l'opérateur satellite basé au Luxembourg. Appaloosa, le fonds spéculatif en question, soutient qu'une plus grande indépendance est cruciale pour naviguer dans la concurrence de plus en plus intense au sein de l'industrie. Sa proposition récente, rendue publique le 27 février, remet en question le plan d'acquisition d'Intelsat par SES, d'un montant de 3,1 milliards de dollars – un concurrent dans lequel Appaloosa détient également une participation substantielle – arguant qu'il est insuffisant pour répondre à la menace existentielle posée par les concurrents.
Appaloosa, créé par l'investisseur milliardaire David Tepper, suggère en outre une réduction des effectifs et un renouvellement régulier du conseil d'administration, couplé à un programme structuré de distribution de capital, incluant une allocation annuelle des excédents aux actionnaires. SES a déclaré qu'il examinait attentivement ces propositions, promettant une recommandation aux actionnaires ultérieurement. Un porte-parole a refusé de faire d'autres commentaires.
Le gouvernement luxembourgeois détient une catégorie spéciale d'actions (catégorie B), lui conférant 33,33% des droits de vote malgré une détention de seulement 16,67% des intérêts économiques de la société. Le communiqué de presse d'Appaloosa souligne cette disparité : « Peut-être cette disparité a-t-elle pu être excusée par le passé lorsque l'industrie des satellites fonctionnait comme un oligopole figé d'acteurs quasi-gouvernementaux à l'abri de menaces concurrentielles importantes. Dans le contexte actuel, cependant, cette structure est une relique archaïque qui désavantage les actionnaires et dissuade les investisseurs et les clients de prendre la Société au sérieux en tant qu'entreprise commerciale authentique. »
Sa solution consiste à convertir les actions de catégorie B en actions de catégorie A, en maintenant la participation de 16,67% du gouvernement. Il suggère de protéger les intérêts du gouvernement – le siège de SES au Luxembourg, une représentation équitable au conseil d'administration et les opérations locales – par le biais de modifications ciblées des statuts ou d'accords contractuels. Appaloosa affirme : « Grâce à ces mesures, les préoccupations légitimes du Gouvernement peuvent être prises en compte, mais sa capacité à influencer de manière disproportionnée les affaires de la Société sera réduite. En fin de compte, la modernisation de la structure du capital de la Société pour la conformer aux normes internationales contribuera à la viabilité continue de SES et profitera à la fois aux actionnaires publics et au Grand-Duché de Luxembourg. »
Cette remise en question du rôle du gouvernement dans SES coïncide avec les ambitions spatiales croissantes du Luxembourg, notamment l'initiative Space Resources axée sur l'exploitation minière des astéroïdes. Face à la concurrence de Starlink de SpaceX, et avec des actions se négociant en dessous des plus bas niveaux de l'ère COVID, Appaloosa estime que SES doit passer d'un modèle lié au gouvernement à une approche plus agile et axée sur le commerce.
Alors que SES maintient des projections financières stables, Moody's a dégradé ses perspectives de stables à négatives le 18 février, citant les pressions concurrentielles et l'incertitude quant aux revenus. Malgré cela, SES a déclaré un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros en 2024, légèrement inférieur à celui de l'année précédente, mais conforme aux prévisions, avec un EBITDA ajusté passant à 1,03 milliard d'euros. SES prévoit un chiffre d'affaires et un EBITDA ajusté stables pour 2025, sous réserve de la finalisation de l'acquisition d'Intelsat au second semestre de l'année.